Le parcours de Marius Mathot et de son fils José au Congo.
Né à Haillot le 17 décembre 1898 dans le Condroz, Marius MATHOT, issu d’une famille bourgeoise, décide de rejoindre la colonie en 1927.
C’est une rencontre avec le Commandant Jules LAPLUME et le parcours fascinant de ce dernier qui incite le jeune Marius à partir pour le Congo.
Extrait du livret de mariage de Camille Mathot et de Elisabeth Heinen.
Marius Albert Frédéric MATHOT.
Qui est le Commandant Jules LAPLUME ?
Jules LAPLUME nait à Salm-Château, le 16 novembre 1866.
À l’armée depuis 1888, il s’engage au service de l’Etat Indépendant du Congo et atteint Boma le 3 décembre 1892.
Commissionné pour l’expédition du Nil, il se met directement en route.
À Ndifiri, il rencontre DELANGHE, DELBRUYERE et NICLOT et gagne Aléma en leur compagnie.
Atteignant ensuite Ganda le 16 juillet 1893, ils engagent des pourparlers avec les compagnies turques de FATEL MOULAH, entrées au service de l’Etat Indépendant du Congo.
Parvenus à Laboré – actuel Sud Soudan – fin juillet, ils entament la construction du Fort Léopold II et lancent des reconnaissances dans toutes les directions afin de se renseigner sur la situation des Mahdistes.
L’enclave est ensuite abandonnée car les difficultés d’établissement y sont trop grandes, notamment à cause de l’hostilité des tribus voisines.
En février 1894, BAERT et LAPLUME se rendent à Dungu, puis à Niangara dans le Haut-Uele où ils prêtent main-forte à CHRISTIAENS dans son expédition punitive contre le chef AZANDE BILI.
En mai de la même année, Jules LAPLUME est envoyé à Gumbari comme adjoint de chef de poste.
En novembre, il retourne à Dungu, où FRANCQUI prépare une expédition contre les Derviches retranchés à l’Akka.
Cette expédition est un échec mais la seconde se solde par la victoire le 23 décembre 1894, suite à la bataille de la Na Geru, à laquelle participe LAPLUME.
En août 1895, FRANCQUI le nomme chef de poste à Niangara. En novembre 1896, il remet son commandement pour rejoindre la colonne CHALTIN, en partance pour le Nil.
Ils parviennent au Nil, en face de l’ile Bedden, le 14 février 1897.
LAPLUME prend part aux fameuses batailles de Bedden et Redjaf, qui se soldent par la victoire contre les Mahdistes le 17 février.
Rentré à Niangara, il reprend ses fonctions, avant d’être nommé chef de poste à Dungu.
Son terme achevé, il embarque à destination de l’Europe en novembre 1898.
Il repart pour l’Uele, le 5 juillet 1899, en qualité de capitaine de la Force publique.
Durant ce terme, il réprime la révolte des populations Ababua dans le Bas-Uele sur lesquelles il remporte la victoire en juin 1901.
En décembre 1902, il est nommé chef de zone de 2ème classe.
Il rentre en Belgique en juin 1903, pour repartir de nouveau d’avril 1904 à avril 1907 comme chef de poste d’Api, où il est affecté au dressage des éléphants.
C’est au cours de ce troisième terme qu’il mène campagne en 1905 contre le sultan DJABIR.
Laplume effectue un quatrième et dernier terme de février 1908 à février 1911, de nouveau à Api, au camp de domestication des éléphants.
Il rentre définitivement en Belgique en 1911 et se marie la même année.
En 1914, il fait partie du Corps des volontaires congolais, chargé de défendre Namur.
Jules LAPLUME décède à Spa, le 1er juin 1929.
Pochette photo du studio Léon Van De Vyver à Anvers.
Photo portrait de Jules Laplume.
Plaque commémorative de Jule Laplume au coin de la place de l’Eglise à Salm-Château.
Marius MATHOT, agent à la COTONCO
C’est au service de la COTONCO que Marius MATHOT consacrera, jusqu’en 1953, la majeure partie de sa carrière au Congo.
L’Agent Territorial BLOMME et Marius MATHOT au poste COTONCO de Musadi en décembre 1935.
En tant qu’agent de la Compagnie Cotonnière du Congo, Marius opère principalement dans la Province de LUSAMBO.
Après la deuxième guerre mondiale, dès 1948, la Province de Lusambo est rebaptisée Province du KASAI.
Durant la seconde guerre mondiale l’occupation de la Belgique par les Allemands exclue tout retour vers la métropole.
Ceci explique les divers séjours de Marius MATHOT en Afrique du Sud entre 1941 et 1944.
Passeport Sud-Africain de Marius Mathot.
Basé à KATAKO-KOMBE ses missions pour la COTONCO le conduisent entre autre à MUSADI, MUTIMBI et LUSAMBO.
Marius à Katako-Kombe en 1947 devant sa Chevrolet Master modèle 1938.
Marius devient papa en 1944.
Le mardi 25 juillet 1944 à OKOMA – secteur Gandu – territoire Katako-Kombe – vient au monde un garçon.
De maman Congolaise, le fils de Marius recevra les noms de Joseph Camille Léopold. Les Congolais le nomment Pole-Pole.
C’est à LUSAMBO, à la veille de sa première communion que Joseph, communément appelé José, est baptisé le 21 juin 1952.
José Mathot est baptisé à Lusambo le 21 juin 1952.
José fait sa première communion à Lusambo le 22 juin 1952.
Marius s’installe comme commerçant colon à Lomela.
Fin 1954, après un séjour d’un an en Belgique, Marius décide de retourner au Congo et de s’y installer comme commerçant indépendant..
Marius et José débarquent à Boma le 9 décembre 1954.
De retour au Kasaï, Marius prospecte la province afin de trouver un lieu propice pour monter son affaire de commence.
Carte d’identité de Joseph Camille Leoplold Mathot délivrée à Boma le 9 decembre 1954 .
Ses recherches le conduisent d’abords à LUBEFU ensuite à MUKUMARI où il rencontre Victor de Caluwé qui lui suggère de s’installer à Lomela.
Un concurrent de plus ou de moins ne fera pas la différence.
Le Chef-Lieu du territoire de Lomela dispose d’un potentiel suffisant pour permettre d’accueillir un nouveau commerçant.
Marius pourra également profiter des achats groupés que Victor organise auprès de ses fournisseurs à Stanleyville, Ikela, Lodja et Luluabourg.
C’est en juin 1955 que Marius Mathot et son fils José s’installent à Lomela.
Ils occupent la maison de la parcelle Nr 7 au Centre Commercial de Lomela.
Plan du Centre Commercial de Lomela, Mathot occupe la parcelle Nr 7.
José joue avec le petit Luis Mendes et Nuno Calvet – Lomela 1957.
José Mathot à Lomela en 1957.
José au collège Saint-Louis de Luluabourg.
Les jeunes adolescents de Lomela, Jean-Paul de CALUWÉ et José MATHOT font leurs études au collège Saint-Louis à Luluabourg.
En primaire, José et Jean-Paul partagent la même classe.
La photo suivante montre la sixième primaire de l’année scolaire 1957-1958 encadrée par l’instituteur Monsieur DOERANE.
L’année scolaire de 1957-1958. José déborde d’une tête ses compagnons de classe.
Chez les scouts du collège Saint-Louis de Luluabourg.
C’est au collège que José rejoint la troupe scoute où il y intègre la patrouille des Écureuils.
Chez les scouts José reçoit pour totem CONDOR.
Son qualificatif est RIEUR.
La troupe des scouts du Collège Saint-Louis de Luluabourg en 1958.
La patrouille des Écureuils et Condor Rieur à l’extrême droite sur la photo.
Le dernier trimestre de l’année scolaire de 1959 -1960.
Les étudiants du collège Saint-Louis terminent l’année scolaire et ne sont pas encore tous conscient que la plupart d’entre eux ne se reverront plus à la rentrée en septembre.
Le programme du dernier trimestre de l’année scolaire de 1959-1960.
L’année scolaire terminée les collégiens retournent dans leurs familles respectives.
Pour José MATHOT, Jean-Paul de CALUWÉ, Sylviane de CALUWÉ et Jean-Louis LIEVENS la première étape du retour, de Luluabourg à Lodja, se fait en DC3.
Vidéo ‘Bana Ya Lomela’ à partir des archives 8 mm de Jean Lievens.
C’est à cette occasion que Jean LIEVENS filme l’atterrissage du DC3 de la SABENA et la descente d’avion des collégiens.
Depuis Lodja il reste encore quelque 200 kilomètres à parcourir en voiture sur des pistes sablonneuses avant d’atteindre Lomela.
30 juin 1960, Indépendance Cha-Cha.
Une indépendance trop hâtivement négociée va rapidement dégénérer en révoltes.
Des troubles éclatent un peu partout au Congo, les colons sont menacés et doivent d’urgence être évacués.
Marie-Louise, épouse de CALUWÉ, et les 3 enfants Jean-Paul, Sylviane et Michel sont eux aussi évacués.
Ils quittent Lomela le 15 juillet et atterrissent au matin du 17 juillet 1960 à Zaventem.
Marie-Louise et Sylviane de Caluwé sur la piste d’aviation de Lomela.
Le Beechcraft de l’Union Minière participe à l’évacuation de Lomela.
Entre le 9 et le 29 juillet 1960, 34.483 réfugiés sont évacués du Congo, dont 25.711 par la SABENA.
Du total de 209 vols effectués par la SABENA, 62 sont accomplis par cinq Boeing 707.
Victor quant à lui décide de rester à Lomela pour veiller sur son affaire de commerce et sur la société FOMETRA qu’il partage avec les frères Jean et Joseph STRYPSTEIN ainsi qu’avec Jean LIEVENS.
Marius Mathot et José restent à Lomela.
Durand les semaines et les mois qui suivent l’indépendance les colons Européens et les Congolais de Lomela s’organisent tant bien que mal afin de rétablir ordre et stabilité et ce malgré une méfiance réciproque, un climat politique instable, des approvisionnements irréguliers et une économie en dégringolade.
Comme de coutume en l’absence de Marie-Louise, Victor entame dès le 17 juillet une correspondance dense et régulière.
Les faits et gestes à Lomela sont quotidiennement notés dans son journal.
Marius et José sont régulièrement cités dans son journal.
José part à la chasse !
Extrait de la lettre de Victor du 22 juillet 1960.
Antonio MENDES a obtenu l’autorisation de chasser le buffle et l’éléphant ad libitum.
Il est parti en canot vers Bokwankusu où un bateau Otraco est en panne.
Un mécanicien Otraca accompagne et il espère revenir avec beaucoup de viande.
José fait également partie de cette partie de chasse qui se tient tout au long de la rivière Lomela.
La rivère Lomela et sa forêt équatoriale.
Vendredi 29 juillet 1960
MENDES n’est toujours pas rentré avec José. Ils sont partis sur la rivière avec 3 jours de vivres.
Si leur canot est tombé en panne il n’y a qu’une solution, se laisser dériver jusque Lomami.
Monsieur NAIA et MATHOT sont inquiets et fâchés. Mais que faire ?
Mardi 2 août 1960
Enfin voici MENDES revenu après 10 jours d’absence. Il a tué 2 buffles, 9 singes et 2 antilopes mais toute cette viande est boucanée, le canot était tombé en panne.
Buffet de Nouvel An chez Victor.
Retranscription de la lettre du 2 janvier 1961.
Ma chère Lou,
Demain matin j’envoie un camion à Dibele prendre de la bière et j’en profite pour faire poster cette lettre à Lodja – quand te parviendra-t-elle ?
Avec la réquisition des avions pour le transport des troupes vers le Kivu et les grèves en Belgique il serait difficile de le dire !
Pour ce qui est de tes lettres, je suis passé à la poste… rien.
Si tu écris il n’est plus nécessaire de recommander.
Tous les européens reçoivent leurs courriers normalement.
Pour le réveillon du Nouvel An j’avais l’intention d’aller le passer à la mission St-Joseph mais je n’ai pas eu le courage de les abandonner.
Malgré le blocus de STAN – manque total de bière dans le poste – j’ai fait l’effort d’organiser une réunion chez nous avec buffet froid – Rosbeef (Cotonco) – Poulets rôtis – Tête de veau (aux pieds de porcs) – Vin rouge et blanc – bière (ma réserve) et Whisky (extraordinairement rare).
Voilà ce que j’ai pu présenter.
Les invités sont MATHOT et fils, STRYPSTEIN, CREMER ménage, NAIA et frère, SANTOS, moi et CHEPPE … voilà tout le poste.
BORGES reste invisible.
Inutile de dire que nous n’avons pas dansé.
Nous avons évoqué des souvenirs, parlé des absents et fait des pronostics pour 1961.
Rien de bien gai mais réconfortant quand même.
Le Congo, une voie sans issue !
Moins de 7 mois après l’indépendance du Congo, suite à la mort de Patrice LUMUMBA le 17 janvier 1961, la situation se dégrade une fois de plus.
Une carte de membre du Mouvement National Congolais ne s’avère pas être une assurance contre les agressions des partisans de Lumumba.
Pour les européens restés au Congo le retour au pays devient incontournable.
Père et fils MATHOT n’échappent pas à cette réalité et débarquent, après un vol depuis Luluabourg via Usumbura, à Zaventem le 25 mars 1961.
José est en Belgique et change de béret.
José MATHOT à 18 ans et entame en 1962, avec succès, une carrière militaire au sein des Forces Armées Belge.
Changement de béret, le scout CONDOR RIEUR devient le jeune soldat matricule S 75918.
Photo de 1962 du jeune militaire Mathot à Bourg Léopold
En Belgique les colons se retrouvent – Lettre de Victor à Marius.
Anderlecht 19 novembre 1965
Cher monsieur Mathot,
J’espère que vous allez bien et que vous donnerez bientôt suite à votre projet de venir faire un tour à Bruxelles.
Jean Strypstein vient de rentrer avec sa femme et ses enfants.
Voilà donc deux frères réunis.
Quand vous viendrez arrangez-vous pour que ce soit un samedi et un dimanche.
Je ne puis malheureusement pas vous loger mais c’est avec joie que nous vous invitons à notre table.
Nous aurons l’occasion de voir Jean et Joseph et vous aurez des nouvelles toutes fraiches de Lomela.
J’attends de vos nouvelles et en attendant recevez cher monsieur Mathot, les amitiés de toute la famille.
Victor de Caluwé